Je vous partage un texte que vous aimerez sûrement....Ouf! C'est touchant...
Elle nous ressembleTrois mois avant la naissance de mon premier enfant, je commençai à me procurer des vêtements pour bébé. J'avais déjà quelques vêtements qui m'avaient appartenu et que ma mère avait gardés pour moi, d'autres qu'avait portés mon père et que ma grand-mère avait conservés, et d'autres encore que ma mère et ma grand-mère avaient tricotés il y a des années, impatientes qu'elles étaient d'avoir des petits-enfants et des arrières-petits-enfants.
Mon trousseau comprenait donc quelques robes, notamment une longue et délicate robe de coton blanc qui avait appartenu à mon père, deux nids d'ange, deux paires de chaussons et quelques minuscules bonnets que nous essayâmes sur le poing de mon mari.
Je ne suis pas très doué pour les travaux d'aiguille, mais je tenais à confectionner à la main la literie dans laquelle mon bébé allait dormir. Par ailleurs, j'avais des photos de moi, nouveau-née, vêtue d'une longue robe blanche faite à la main, et il me semblait que je devais accueillir mon enfant dans le même genre de vêtement. Je décidé donc de confectionner également une robe blanche à oeillets, rubans et boucles de satin blanc (la seule que je fis de toute ma vie). Le résultat fut plutôt réussi.
Par la suite, j'allai dans les magasins. J'achetai des couches, des biberons, des hochets, des bavoirs, des couvertures, une poussette, un siège d'auto, des sucettes. C'est ainsi que ça fonctionne aujourd'hui : il faut se procurer un tas de trucs en prévision de la naissance d'un enfant.
Je rangeai les vêtements fraîchement lavés et autres menus objets dans la chambre jaune miel que nous avions préparée et qui embaumait déjà la poudre pour bébé. En attendant la naissance, je m'amusai à déplacer et replacer les choses.
Nous n'eûmes pas à attendre bien longtemps. Elle vint au monde le jour prévu, par césarienne. Elle avait le visage rouge d'avoir essayé pendant 21 heures de venir au monde par voie naturelle, mais sa tête était merveilleusement bien formée, complètement chauve et, évidemment, d'une beauté parfaite. Trois kilos et demi, quarante-neuf centimètres, 12h53 de l'après-midi, le 5 janvier 1980.
Pourquoi ces détails sur les nouveau-nés sont-ils aussi consciencieusement rapportés? Parce que la moindre chose qui concerne un nouvel être est fascinante et importante, voilà pourquoi.
Lorsqu'on la mit dans mes bras, je la regardai, elle ouvrit les yeux et sourit. Je sais, il paraît que les nouveau-nés ne sourient pas. À cela je répondis : "Bah!"À elle, je murmurai : "Bonjour!"
Quelques mois auparavant, mon mari et moi avions dressé une longue liste de prénoms. Après les avoir comparés, en avoir discuté et en avoir éliminé, nous avions décidé que ce serait Katherine pour une fille et Benjamin pour un garçon. Nous désirions aussi lui donner mon nom de fille : Lindsay. Puis, bien sûr, le nom de mon mari : Farris.
Katherine Lindsay-Farris.
Lorsque je téléphonai à mes parents pour leur annoncer la naissance de ma fille et leur dire le nom qu'elle allait porter, mon père me demanda de répéter. De sentir mon père à court de mots en cet instant, lui qui était un homme cultivé et éloquent, fut un de mes premiers plaisirs de nouvelle mère.
Quand vint le moment de rentrer à la maison avec ma fille, je la vêtis de la délicate robe qui avait appartenu à mon père, d'un ravissant bonnet et d'une paire de chaussons tricotés qui s'avérèrent beaucoup trop grands pour elle. Les premiers à qui nous annonçâmes la nouvelle nous demandèrent à qui elle ressemblait. Nous répondîmes : "À nous!". Avant cet instant, je n'y avais jamais pensé. Mais dix mois plus tard, quelqu'un d'autre trouva qu'elle nous ressemblait : le juge qui approuva l'adoption.
Judy Farris(Bouillon de poulet pour l'âme d'une mère)